mercredi 19 mai 2010

Le metal et son public

En guise de premier article, je me lance dans une gueulante (pas trop violente tout de même). Aussi j'aimerais préciser que ceci reste un point de vue personnel (néanmoins partagé) et que l'on peut vivre le metal différemment: ne prenez donc pas la partie concernant l'intérêt du metal comme une définition absolue.

Alors? Que vous inspire le genre musical qu'est le metal et ses "fans"? Pour ce qui est de la musique, vous me parlerez sûrement d'une sorte de bouillie musicale, d'un anarchisme mélodique laissant derrière lui une portée agonisante. Le chanteur n'est pas en reste puisque souvent vous l'apparentez à une sorte d'aliéné poussant des hurlements qui rappelleront aux plus rustiques d'entre nous la saignée du cochon. Et le public ? Les metalleux apparaissent comme une bande de rustres, dépressifs, qui se mettent sur la gueule dans une grande orgie de bière.

MAIS NON! Il faut arrêter avec tout ça! Non le metal n'est pas un genre qui survit au travers d'une bande de satanistes qui frappent leurs instruments contre les murs. Non les metalleux ne sont pas une bande de dépressifs cherchant la mort dans un choc auditif. Il faut arrêter avec ces préjugés et essayer de comprendre cet univers. Que diriez-vous si l'on disait de la scène musicale française qu'elle se réduit à une tripotée de bonnes femmes brisées chantant leur mélancolie avant de retrouver toute leur joie de vivre en 3 refrains ou bien d'hommes grattant nonchalamment leur guitare tout en racontant leur petite routine bien banale ? Que c'est des conneries...eh bien c'est le même genre de raccourci que vous effectuez avec le metal. Il faut plus qu'entendre pour comprendre un genre, une musique et son but. Genre qui d’ailleurs est bien plus diversifié que l’on pourrait le croire : metal, heavy metal, metal industriel, grindcore, thrash metal, death metal, metal symphonique, black metal, autruche core (si si), post hardcore, viking metal, visual kei et j’en passe. Tous sont des genres bien différents ayant chacun son identité et ses caractéristiques dont metal est le nom global pour les non-adeptes. Ici, nous emploierons le terme metal par commodité et surtout parce que nous essaierons de faire le tour de tous ces genres et d’en tirer les points communs qui peuvent en effet les relier au courant.


Le metal a tout autant le droit d'exister comme un autre genre musical, pas besoin de le lyncher au nom de l’Eglise. Je concède le fait qu'il soit moins accessible que la plupart des autres musiques mais ce n'est pas une raison pour le traiter comme l’art de Satan (« Aaah vade retro ! »). Vous allez sûrement me dire que j'fais tout un flan pour une simple histoire de goût alors qu’il y a des réfractaires partout. Mais bon, je trouve que le metal est bien isolé et que ses auditeurs sont un peu pris de haut, un peu comme des animaux sauvages : on a (beaucoup) de cheveux et parfois même de la barbe mais ça fait partie de l’homme en fait. C’est vrai quoi, que j'en parle à des rappeurs en herbe, des inconditionnels du rock ou des DJs fiévreux j'ai un retour négatif. Mais quoi p*tain? Vous vous croyez meilleurs? Vous êtes peut-être très talentueux mais le metal n'a pas à rougir! Quelle que soit votre oreille, elle ne pourra qu'admettre que les morceaux sont diablement rapides et que les notes ne sont pas le fruit du hasard.

Vous prétendez le contraire? Que l'on frappe toujours les instruments (vous aimez cette expression) ? Et bien jouez-moi un riff (rythme à la guitare) aussi nerveux et précis que Bioactive de Sybreed en n'ayant jamais fait de guitare. Allez j'attends...quoi c'est pas facile? Quoi l'ensemble vous apparait encore moins cohérent que du metal? Normal, vous avez tapé sur un instrument sans construction au préalable. Quoi que l'on en dise, le metal est une musique technique de part sa vitesse et par son habitude des structures complexes. Ecoutez attentivement quelques morceaux de divers groupes et vous remarquerez que la présence de refrain reste relativement clairsemée pour des morceaux tout aussi longs que la moyenne (tous genres confondus). Déjà, on a une musique qui sait se diversifier au sein d’un même morceau, personnellement je trouve ça autrement plus intéressant qu’un couplet-refrain-couplet-refrain- final (qui au demeurant reste une structure très plaisante). Parfois ce jeu sur la structure est très travaillé et devient la caractéristique principale de groupes. C’est ce qu’on appelle le metal progressif ; Il existe de la musique progressive dans d’autres styles mais le phénomène est beaucoup moins observable. On peut nommer Opeth qui signe des morceaux pouvant atteindre la demi-heure sans montrer aucune redondance. C’est quoi alors d’la boxe ou de la créativité ça ? Ecoutez-moi donc Black rose immortal (Opeth) et osez me dire que ces gars-là ne sont pas des musiciens.

Quittons l'aspect technique légèrement pompeux pour nous attarder sur l’idéologie du metal. Les légendes urbaines aiment bien lui associer tous les maux de la société : antisémitisme, racisme, satanisme, appel à la haine, violence envers l’Eglise etc etc… Je ne vais pas vous dire que le metal n’est pas sujet à ce genre de problème mais il faut prendre un peu de recul et chercher à comprendre. Pour commencer, le metal est un genre provocateur et ce depuis ses premiers balbutiements (avec Slayer notamment), dès lors, faisant office de mauvais élève parmi la troupe, le metal a su attirer les personnes aux idées quelques peu extrémistes. De plus, il est une musique réellement plus violente que la normale, à partir de là je trouve plutôt logique de vouloir l’utiliser pour transmettre un message radical. C’est vrai quoi, mettons que vous êtes nazi, vous allez appeler au massacre des races impures via une mélodie de Cabrel ou Lalane ?Faut pas pousser, merde quoi... Et pour terminer là-dessus, j'aimerais juste souligner que le rap n'est pas une musique d'ange non plus mais ce n’est pas pour autant que l’on traite de tous les noms ceux qui l’écoutent.

Mais le plus gros dans ce débat, c’est que ces propos extrémistes ne sont que l’œuvre de quelques groupes dans la vaste sphère du metal. Comme énoncé plus haut, on distingue de nombreux sous-genres et donc autant de styles de texte. On trouve vraiment de tout. Certains textes peuvent aborder la nature et parfois même l’écologie (Gojira, Rhaspody, Epica…) comme d’autres peuvent aborder la mythologie nordique sous influence de grands auteurs tels que Tolkien ( Windir, Kampfar entre autres). Bien entendu, on retrouve un peu partout des sujets tels que la mort mais ceci peut se faire dans la plus franche poésie. Trainez un peu sur des sites où l’on peut trouver quelques textes, on relève souvent le mot soul (âme en français) faisant foi d’une vision tout autre que la mort physique et ses inconvenances. Ainsi je souhaiterais re-nommer Gojira qui affectionne ce sujet et qui dans Oroborus nous en parle au travers d’images telles que le phœnix, de mouvements et de paysages : un vrai voyage. A cela certains me répondront qu’outre des propos idéologiquement violents il existe des textes littéralement trashs: gores, pornos ou porno-gores (amis du bon goût...). On peut ainsi nommer quelques groupes de la scène du Grindcore : Cannibal Corpse, Hymen Holocaust, Vulvulator ou encore Grosnibards (chanté à La Nouvelle Star)… Utilisons notre tête plutôt que de jouer le saint offusqué. Vous vous rendez compte des noms ? Ils sont tout simplement ridicules, le second degré existe aussi dans le metal…je sais pas…comment on peut décemment croire que ces noms sont sérieux ? Comme chaque musique, c’est un spectacle (en live), certains poussent le jeu très loin et s’inventent des rôles très complets, point barre. On peut nommer Marilyn Manson (nom de scène hein…mix entre Marilyn Monroe et Charles Manson le tueur en série) comme de nombreux groupes de Black metal portant de sacrés déguisements.

Bon maintenant vous vous demandez sûrement le pourquoi du comment du metal et ce qu’en tirent les gens qui l’écoutent. Faisons simple. Pourquoi a-t-on créé le rock’n’roll puis le hard-rock ? Parce qu’on voulait tout simplement un truc qui bouge plus. Bon et là on se retrouve face à un mystère de la société puisque les gens n’arrivent pas à faire ce même raisonnement à partir du hard-rock. Des musiciens ont juste voulu quelque d’un peu plus puissant et puis voilà quoi… je saurais pas dire mieux…Bref et les metalleux dans la fosse, ils en tirent quoi ? Ah bah là… pour qui sait apprécier le metal (faut habituer l’oreille) c’est quelque chose de vraiment grandiose. On se prend en pleine face de bon gros riffs sur des guitares/basses sous-accordées donnant un son bien lourd et imposant, le tout est soutenu par des blasts explosifs à la batterie dignes de la plus habile des pieuvres épileptiques et la cerise sur le gâteau est un chanteur laissant exploser ses émotions allant de la franche mélancolie à une véritable rage dans une voix rauque et puissante transmettant ainsi une énergie incroyable. Chanteurs qui, au passage, sont très talentueux : allez passer du murmure de folie aux hurlements en passant par les sanglots en quelques minutes (KoЯn, Deftones…). C’est un véritable choc que l’on encaisse, une force qui prend la forme d’un son faisant vibrer notre petit corps. Tout est question d’échelle, il y a le petit refrain sympa qui vous fait battre la mesure avec le pied en fredonnant et puis il y a ça… cette déferlante qui nous anime et qui ne peut se contenter d’un gentil hochement de tête. C’est une explosion d’énergie qui est provoquée ! D’où ces fameux pogos, headbang ou autres wall of death qui restent avant tout des moments de franche convivialité, de défoulement et rien d’autre. On peut expliquer cette intense sensation du fait que le metal est un des genres s’attachant énormément à la partie instrumentale contrairement au rap (par exemple) qui est en fait un fond sonore (pouvant être de qualité) surmonté d’un récital vif et percutant. On assiste ainsi à des temps forts savamment répartis : une maîtrise de l’alternance entre brutalité sonore et prestance avec de longs et clairs solos nous permet de mieux profiter des atouts de chaque partie (l’énergie d’une part et la beauté d’autre part). Poussé à son paroxysme le travail instrumental peut donner un résultat très profond (au sens propre comme au sens figuré) doté d’une ambiance vraiment poignante. On peut ainsi nommer Cult Of Luna ou Neurosis de la scène du post-hardcore dont chaque album représente une réelle immersion dans un univers dont on ressort secoué.

Maintenant, il est probable que certains d’entre vous aient envie de chatouiller leurs tympans avec du metal pas trop difficile pour se faire l’oreille et puis éventuellement se lancer. Je ne peux que vous recommander d’écouter du hard-rock (un poil plus violent que du AC/DC quand même) ainsi que du metal symphonique ( Nightwish ou Within Temptation par exemple…) et quelques grands classiques relativement accessibles (MetallicA, Judas Priest, Slayer ou encore Iron Maiden). Après il ne faut pas se décourager dans la recherche de nouveaux groupes, je le répète, il y a énormément d’influences et de courants dans le metal et donc autant de groupes détestables ou démentiels.

Pour conclure, je voudrais juste signaler que Jim Carrey, homme très sympathique, honnête citoyen bien que décalé serait fan de metal et tout particulièrement de Cannibal Corpse apparaissant dans Ace Ventura (en director’s cut) à sa demande. Des rumeurs disent que ceci n’est qu’une rumeur (yeah) ; s’affrontent la parole du groupe de musique et celle du gendre du comédien. Alors ? Ils sont où nos dépressifs profanant les terres saintes ?

Remerciements à Romain pour sa contribution à cet article.

Clément R.

Site de textes: Dark Lyrics

Communauté: Spirit of metal

PS: J'invite nos amis metalleux à nous faire part de leur propre vision du metal aux travers de quelques commentaires, s'ils le souhaitent.